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La cérémonie commémorative du 80e anniversaire de l’attaque du camp de Montfort s’est tenue le dimanche 6 août à La Torchette.

Elle s’est déroulée selon le programme suivant :

  • dépôts de gerbes,
  • appel aux morts,
  • discours (retrouvez celui de monsieur le Maire ci-dessous)
  • vin d’honneur.

Une centaine de personnes s’étaient réunies pour cette commémoration pleine d’émotion. De nombreux officiels étaient présents ainsi que les pompiers, porte-drapeaux ou encore anciens combattants.

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Le discours de monsieur le Maire de Passy, Raphaël Castera :

Mesdames, Messieurs les élus, Messieurs les anciens maires,

MM les officiers de l’EMHM,

Mme. la Lieutenante Commandant de la COB Sallanches – Passy,

M. le Commandant du Centre de Secours de Passy, Lieutenant S. Grandfond,

M. le Délégué Départemental de l’ANACR, M. Thierry Laurent et M. Jean-Paul Rigoli, représentant de l’ANACR Mont-Blanc,

M. le Représentant de l’association des Anciens de Montfort, M. Mabboux,

MM. les représentants de l’Amicale du 27ème BCA,

Mesdames, Messieurs les représentants du monde combattant,

Mesdames et Messieurs,

                                                                                                 ***

En ce 6 août 2023, nous commémorons le 80 ème anniversaire de l’attaque du maquis de Montfort du 10 août 1943. 

Aux premières lueurs du jour quand la montagne s’éveille, les jeunes sentinelles de la Torchette se font surprendre par les troupes italiennes venues des Granges, du Mont-Paccard et du Col de la Forclaz. Ces dernières les encerclent rapidement. 

On imagine la sidération des Résistants. Regroupés ici pour fuir l’oppression de l’occupant, certains aguerris au combat, d’autres novices, ils vont entrer dans l’Histoire en affrontant l’ennemi. En dépit de leur entraînement, en dépit de la volonté probable de certains d’en découdre, le moment tant redouté est arrivé. Sous le fracas des balles, probablement le ventre noué par la peur, la bouche sèche, les tempes en feu, les maquisards sous-équipés ne peuvent qu’offrir une riposte désespérée aux rafales d’armes automatiques de l’Occupant.

Le combat est inégal. Face aux 150 alpini, les Résistants trois fois moins nombreux finissent par se rendre. 4 sont tués : Roger Lorato de Chedde, Edmond Touzé de Toulon, Roger Wutrich d’Evian et Jean Collet de Lyon. 8 sont blessés, 43 sont arrêtés et emmenés à Sallanches puis emprisonnés dans les geôles italiennes de Breil-sur-Roya. Ils recouvreront la liberté moins d’un mois après, lorsque l’Italie se rendra aux Alliés sans condition le 8 septembre 1943.

En 1943, la France est occupée et le Régime de Vichy du Maréchal Pétain collabore étroitement avec l’Allemagne nazie d’Hitler. L’instauration du Service du Travail Obligatoire le 16 février 1943 par le III Reich et Vichy, génère un premier mouvement de réfractaires qui se retrouvent à la ferme de la famille Gabioux ici, à Montfort. En juin, l’Armée Secrète y rassemble une soixantaine d’hommes issus du camp de Jeunesse des Contamines Montjoie. Malgré le manque d’armes, la Résistance s’organise progressivement et commence à agir à l’initiative du Lieutenant Gauthier, alias Mathieu, prisonnier de guerre évadé et désigné comme chef du camp.

Alertés par une opération de la Résistance au Reposoir, les troupes de Mussolini au courant de la présence de Maquisards dans le secteur de Tête Noire, ont décidé d’attaquer.

Peu de temps après l’assaut, le Lieutenant Vidalin en soin au sanatorium du Mont-Blanc au Plateau d’Assy, tente de délivrer le Lieutenant Gauthier et son frère Jacques incarcérés à l’hôpital d’Albertville. Arrêté à son tour, il fut emprisonné à Fossano en Italie où il mourut de la tuberculose le 10 janvier 1944. Le lieutenant Gauthier, fut libéré en 1946 souffrant des sévices qu’il avait endurés.

80 années se sont écoulées depuis l’attaque du Maquis de Montfort et la victoire finale des Alliés. Mais la guerre est de retour sur le sol européen. Après la partition de l’ex-Yougoslavie en 1995, l’Ukraine, un autre membre de l’ex-bloc de l’Est, est victime de sa volonté d’émancipation de l’ancien joug soviétique.

Rêvant de restaurer la « Grande Russie », Vladimir Poutine a patiemment construit sa stratégie d’influence en utilisant les importantes ressources financières tirées des gisements d’hydrocarbures et de minerais rares de son immense pays.

En 2015, profitant du renoncement des américains à intervenir en Syrie, il accentue son soutien à Bachar al-Assad en bombardant les opposants à la dictature syrienne, prétextant cibler les forces de Daech.     

La Russie de Vladimir Poutine, n’accepte pas la dislocation de sa sphère d’influence, particulièrement en Europe. Ne pouvant faire face à la puissance du modèle occidental fondé sur la démocratie et l’économie de marché, il s’immisce partout où il peut s’opposer aux pays occidentaux.       

En février 2022, l’histoire se répète une nouvelle fois.

Après avoir massé plus de 100 000 hommes à la frontière depuis plusieurs mois, la Russie attaque l’Ukraine, un pays souverain depuis 2014. Vladimir Poutine ne peut admettre que son ancienne tutelle se tourne ouvertement vers l’Europe et souhaite rejoindre l’OTAN. Il craint que la démocratie en vigueur depuis huit ans dans ce pays slave et russophone, ne s’étende et mette à mal sa sphère d’influence – une menace –  pour son régime autoritaire.

Le procédé rappelle tristement ce que notre continent vécut à partir de 1938. Un pays hostile commence par afficher un simulacre de processus démocratique pour annexer un territoire, puis envahit les pays voisins le temps que la Communauté Internationale se mobilise.

Comme l’Anschluss décrété par Hitler pour rattacher l’Autriche à l’Allemagne en 1938, l’annexion des Sudètes en Tchécoslovaquie quelques semaines après, puis l’invasion de la Pologne par le régime nazi, la Russie annexe la Crimée en 2014. Vladimir Poutine ne pouvant supporter la révolution de Maïdan par laquelle le peuple ukrainien a exprimé son envie d’Europe.

C’est pour défendre une liberté longuement acquise que le peuple ukrainien résiste depuis 18 mois. C’est pour défendre la liberté au péril de leurs vies, que des femmes et des hommes ont choisi de s’opposer à la dictature de l’Occupant et au régime fachiste de Vichy, en entrant dans la Résistance en France comme ici à Montfort, à la Zeta, à Plaine-Joux ou à Platé. C’est pour faire vivre le devoir de mémoire que tous les deux ans, sous l’égide de l’Education Nationale, plusieurs classes de cours moyens des écoles de Passy et Sallanches, se retrouvent en ces lieux. Avec leurs enseignants et accompagnés des témoins du passé, ces futurs citoyens découvrent les lieux de Résistance en Haute-Savoie. Ils s’appuient sur la connaissance de ces évènements et des valeurs en jeu pour mieux comprendre les principes républicains et développer leur esprit critique.

Or, la montée des nationalismes en Europe montre plus que jamais, l’absolue nécessité de faire vivre la flamme de la démocratie. Les origines diverses des combattants de Montfort, leur grande jeunesse et à travers eux tous ceux qui ont lutté pour la liberté, nous obligent.

Nous leur devons d’incarner les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Nous leur devons de respecter les quatre principes fondamentaux de la République française :

  • l’exercice de la souveraineté du peuple par la voie de ses représentants,
  • la laïcité qui implique la séparation des Eglises et de l’Etat, c’est la raison pour laquelle il n’y a pas de messe en ce jour,
  •  la démocratie avec la désignation des différents pouvoirs au suffrage universel,
  • son caractère social pour favoriser la cohésion et améliorer les conditions des plus démunis.

Au nom de la population, nous assurons notre éternelle reconnaissance aux héros de Montfort, à ceux qui ont su résister pour faire vivre leur idéal de liberté.

Roger Lorato
Jean Collet
Roger Wütrich
Edmond Touzé
Jacques Vidalin
André Gauthier
Joseph Lacache
Raphaël Lopez
André Pouradier
Bernard Poncet
Jean Morier
Jean Dépoisier
Jules Lombard
Paul Blanchin
Gaston Méline
Robert Chabaud
Armel Pellissier
Paul BrasierMarcel Bruyère
Fernand Duffoug-Favre
Max Hottgindre
Charles Giacone
Lino Dalzotto
Eugène Boehm
Paul Paturel
Robert Kaderabek
Emile Perrolaz
Paul Mabboux
Roger Laurent
Paul Bouvet
Georges Parcevaux
Robert Allègre
Jacques Archer
Roger Aubert
Roland Bigouret
Pierre Bonnere
Jean Brouillet
Claude Carbier
Roger Cibert
Maurice Cottin
Jean Dolbeau-Chabot
Henri Denin
Roger Gabioux
Hector Henninot
Jean Issarny
Marcel Laverrière Jules Lombard
Adrien Mabilon
Gilles Martin
Maurice Monnin
Edouard Pain
Julien PotierAbel Ricler
Charles Thomas
Jean Trouiller
Henri Treffort
Henri Vialatoux
Jacques Vergnerie

Vive la République,

Vive la France.

                                                                                                                                     Raphaël Castéra

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