La cérémonie s’est déroulée en présence des élus du Conseil Municipal des Enfants qui n’étaient pas en vacances. Elle fut l’occasion de remettre leur nouveau drapeau, offert par la commune, aux Anciens Combattants de l’association FNACA.

Mesdames et Messieurs les élus, Messieurs les anciens maires,

Mesdames, Messieurs les représentants de la gendarmerie nationale et des sapeurs-pompiers.

Mesdames, Messieurs les représentants du monde combattant.

Mesdames et Messieurs, chères Passerandes, chers Passerands.

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« Vivre libres ou mourir ». La devise des résistants du Plateau des Glières résonne plus que jamais dans notre pays. Alors que nous venons de commémorer les 80 ans de l’attaque du maquis par l’Allemagne nazie et le régime collaborationniste de Vichy, après l’anniversaire de celui de Montfort l’année dernière, que dire aux familles de ceux qui se sont sacrifiés pour que nous vivions libres aujourd’hui.

Nous sommes redevables à ces femmes et à ces hommes, souvent jeunes, d’avoir eu le courage de risquer leur vie pour acheminer un message, cacher des personnes traquées par l’Occupant ou la Milice, ravitailler un maquis ou pris les armes contre l’ennemi. Français ou étrangers, gaullistes, communistes, républicains, anarchistes, quelles que furent leurs différences ou leurs confessions, un seul idéal. Vaincre l’Allemagne pour libérer la France.

Parmi les 80 parlementaires réfugiés à Vichy qui votèrent contre les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain en juillet 1940, Léon Blum, Georges Mandel, Vincent Auriol et Amédée Guy, Député de notre circonscription. Les 569 autres crurent que le vainqueur de Verdun sauverait une nouvelle fois le pays. Ce fut au contraire le choix du déshonneur et de la collaboration avec Hitler. En rompant avec la Troisième République, Philippe Pétain instaura ce qu’il dénomma « La Révolution nationale », en réalité une politique réactionnaire contre les acquis de 1789.

Tous les pouvoirs étaient concentrés dans les mains d’un seul homme qui s’exprima ainsi le 11 octobre 1940 : « le régime nouveau sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera
plus sur l’idée fausse d’égalité naturelle entre les hommes ».

En créant la Milice, la France collabora avec zèle auprès de l’Allemagne. A l’instar des Glières, les historiens estiment à 30 000 le nombre de Résistants tombés sous les balles françaises, 60 000 furent déportés, tout comme 75 000 français de confession juive qui prirent le chemin des camps d’extermination. Complice, le Maréchal Pétain et son gouvernement d’extrême droite institutionnalisèrent une politique, raciste et anti-laïque avec les tristement célèbres lois de 1940 fixant le statut des français de confession juive.

Opposé au Régime de Vichy, le Général de Gaulle organisa la Résistance depuis Londres en réunissant les différents mouvements actifs. Le Conseil National de la Résistance devenu un véritable lieu de débat et de négociation de l’Etat clandestin, publia son programme intitulé « Les jours heureux », prévoyant le rétablissement des libertés fondamentales et des institutions de la République, ainsi que de grandes avancées sociales dont nous profitons encore aujourd’hui.

Depuis la Libération, la Quatrième puis la Cinquième République sont les garantes de la démocratie et de l’Etat,de Droit. Elles ont mis fin à la politique inégalitaire, raciste et xénophobe au Régime de Vichy, combattue par le Général de Gaulle et les Alliés.

Comment aujourd’hui, des partis d’extrême-droite peuvent oser se revendiquer du Général, alors qu’ils sont les héritiers de la Collaboration qu’il a combattue ? Les héritiers du mouvement terroriste de l’OAS opposé à la décolonisation de l’Algérie et qui tenta de l’assassiner lors de l’attaque du Petit Clamart ?

La démocratie ne constitue pas un acquis, y compris en Europe. C’est une longue construction politique, souvent douloureuse pour les populations mais qui à ce jour, est la seule forme de gouvernement assurant la souveraineté du peuple. Comme dans les années 30, la montée des nationalismes sur notre continent et aux Etats-Unis, traduit une réelle défiance vis-à-vis de nos démocraties. L’Amérique réactionnaire de Donald Trump, le Brexit en Angleterre, le populisme de Victor Orban en Hongrie, l’Italie post-faciste de Giorgia Meloni ou l’impérialisme guerrier russe. Alors pourquoi ce repli sur soi, cette intolérance aux différences ?

Dans le monde libéral, les grandes crises économiques se sont souvent traduites en mouvements sociaux. Les peuples en souffrance impactés par le chômage et la perte de revenus, luttant pour leur propre subsistance, se tournent vers l’extrême droite croyant aux solutions miracles et aux boucs-émissaires. Dans les années 30 en Europe, conséquence de la grande dépression de 1929 aux Etats-Unis. Après le premier choc pétrolier de 1973 et la montée du chômage de masse en France. Dernièrement, suite à la pandémie et à la guerre en Ukraine, ayant engendré une très forte hausse des prix.

Ce mouvement qui traverse les démocraties occidentales, ne reflèterait-il pas une des limites du système économique néolibéral dont nous sommes tous acteurs ? Ce dogme de la « concurrence libre et non faussée » porté par l’Union Européenne et l’Organisation Mondiale du Commerce, qui finalement bénéficie souvent aux plus forts et fragilisent presque toujours les plus faibles ?

Dans ce monde ouvert où les flux économiques ont toujours un temps d’avance sur les moyens de régulation, les populations ont plus que jamais besoin d’être protégées par nos institutions. Dimanche dernier, une majorité de français a voté pour des partis respectant la République. Pour eux comme pour nos compatriotes ayant exprimé leur mécontentement vers les extrêmes, il faut que le Président de la République écoute et entende leur appel.

Sans majorité absolue à l’Assemblée Nationale, il n’a pas d’autre possibilité que de changer de ligne. C’est la volontédu peuple français. Si sa politique de l’offre s’est accompagnée de création d’emplois et de baisse d’impôts, elle a affaibli le système de protection sociale et accéléré les déficits publics.

Le Président doit désormais nommer, comme l’article 8 de la constitution lui en donne le pouvoir, un ou une Première Ministre qui devra rassembler au-delà de son camp à la tête d’un gouvernement de coalition. Une personnalité reconnue qui aura le devoir avec les partenaires sociaux de mieux protéger les français, de récompenser le travail, de mieux redistribuer la création de valeur, d’apporter davantage de justice sociale et d’accélérer la transition environnementale.

C’est une période nouvelle qui s’ouvre pour notre pays. Soyons les dignes héritiers du siècle des Lumières, dont les principes humanistes ont ouvert les voies de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

Vive la République.

Vive la France.

Raphaël Castéra
Passy, le 14 juillet 2024

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