La cérémonie commémorative du 81e anniversaire de l’attaque du camp de Montfort s’est tenue le dimanche 10 août à La Torchette.

Elle s’est déroulée selon le programme suivant :

  • dépôts de gerbes,
  • appel aux morts,
  • discours (retrouvez celui de monsieur le Maire ci-dessous)
  • vin d’honneur.

De nombreux officiels étaient présents ainsi que les pompiers, porte-drapeaux ou encore anciens combattants.

Le discours de monsieur le Maire de Passy, Raphaël Castera :

***

Mesdames, Messieurs les élus, messieurs les anciens maires,

M. l’Adjudant-chef Faucher de la COB Sallanches – Passy,

M. le Commandant du Centre de Secours de Passy, Lieutenant S. Grandfond,

M. le Délégué Départemental de l’ANACR, M. Thierry Lauron et M. Jean-Paul Rigoli, représentant de l’ANACR Mont-Blanc,

M. le Représentant de l’association des Anciens de Montfort,

M. Mabboux,

MM. les représentants de l’Amicale du 27ème BCA,

Mesdames, Messieurs les représentants du monde combattant,

Mesdames et Messieurs,

Ici à Montfort, au nom de la population, nous assurons notre éternelle reconnaissance aux héros de ce maquis. Notre gratitude à ceux qui ont eu le courage de dire non. De s’opposer au nouvel ordre établi par Hitler et le Maréchal Pétain, pour faire vivre leur idéal de liberté.

Roger Lorato
Jean Collet
Roger Wütrich
Edmond Touzé
Jacques Vidalin
André Gauthier
Joseph Lacache
Raphaël Lopez
André Pouradier
Bernard Poncet
Jean Morier
Jean Dépoisier
Jules Lombard
Paul Blanchin
Gaston Méline
Robert Chabaud
Armel Pellissier
Paul Brasier
Marcel Bruyère
Fernand Duffoug-Favre
Max Hottgindre
Charles Giacone
Lino Dalzotto
Eugène Boehm
Paul Paturel
Robert Kaderabek
Emile Perrolaz
Paul Mabboux
Roger Laurent
Paul Bouvet
Georges Parcevaux
Robert Allègre
Jacques Archer
Roger Aubert
Roland Bigouret
Pierre Bonnere
Jean Brouillet
Claude Carbier
Roger Cibert
Maurice Cottin
Jean Dolbeau-Chabot
Henri Denin
Roger Gabioux
Hector Henninot
Jean Issarny
Marcel Laverrière
Jules Lombard
Adrien Mabilon
Gilles Martin
Maurice Monnin
Edouard Pain
Julien Potier
Abel Ricler
Charles Thomas
Jean Trouiller
Henri Treffort
Louis Vialatoux
Jacques Vergnerie

Il fait encore nuit en ce matin du 10 août 1943, lorsque Médine Parcevaux, l’institutrice du village des Plagnes, distingue une colonne de soldats italiens sur la route. Le régime de Mussolini venant d’être renversé, elle pense que les troupes fascistes qui occupent la Haute-Savoie, rentrent chez elles. Malheureusement, elles montent par les Granges en direction de Montfort.


Sur le versant Nord de la Tête Noire, un deuxième groupe de soldats italiens passe par Moncoutant en direction du Col de la Forclaz, tandis qu’une troisième colonne monte par le Mont-Paccard côté Saint-Gervais.


Juste en contre-bas à la Provence, une ferme sert de poste de garde. Un maquisard qui veille tombe face aux troupes italiennes qui lui intiment l’ordre de se rendre. Il tire et court vers le chalet Gabioux prévenir ses camarades, les alpinis aux trousses. Pris au piège, les maquisards de Montfort ignorent les sommations et refusent la reddition dans un premier temps. Dans la confusion, un premier ouvre le feu, déclenchant la riposte de l’Occupant équipé de lourdes armes automatiques. Une dernière sommation et la menace d’incendier la grange et de fusiller les premiers prisonniers,
finit de convaincre les Résistants que le combat est bien trop inégal. Que faire face à ces 150 soldats qui encerclent la Torchette ?


Les jeunes emmènent leurs camarades morts et blessés et les italiens fouillent les maisons, saccagent tout et confisquent les provisions. Arrivés aux Plagnes, ils demandent les clés de la mairie-annexe à Médine Parcevaux pour accueillir les blessés. Le Dr Berthollet, l’ex-maire de Sallanches en résidence surveillée à la Voutrière, examine les malheureux avant le transport en camion vers l’hôpital de Sallanches. Les corps de Roger Lorato de Chedde, Edmond Touzé de Toulon, Roger Wutrich d’Evian et Jean Collet de Lyon gisent dans la salle municipale. 8 sont blessés, 43 sont arrêtés et emmenés à Sallanches puis emprisonnés dans les geôles italiennes de Breil-sur-Roya. La reddition de l’Italie aux Alliés le 8 septembre, leur rendra la liberté.


Hector Grangerat, le responsable de l’Armée Secrète parvient à imposer au maire de l’époque et au Sous-préfet, le drapeau tricolore pour ces Résistants morts pour la France.


La quiétude de l’alpage de Montfort s’est transformée en enfer. A cette date, la France a capitulé depuis trois ans. Le Maréchal Pétain a été investi des pleins pouvoirs par le Parlement, à l’exception de 80 parlementaires qui s’y opposèrent comme Léon Blum, Georges Mandel, Vincent Auriol ou Amédée Guy, député de notre circonscription. Les 569 autres voulurent croire que le vainqueur de Verdun sauverait une nouvelle fois la France. Ce fut au contraire le choix du déshonneur et de la collaboration avec Hitler.


En rompant avec la Troisième République, Philippe Pétain instaura ce qu’il dénomma « La Révolution nationale », en réalité une politique contre la démocratie et les principes de liberté, d’égalité et de fraternité. Les théoriciens et les dirigeants des partis d’extrême-droite s’inscrivent aujourd’hui dans cette idéologie réactionnaire contre les acquis démocratiques, en particulier ceux de la Révolution de 1789 en France. Partout en Europe, ces partis alimentent la peur de l’autre, désignant des boucs-émissaires qui seraient responsables de tous les maux de la société parce qu’ils n’auraient pas la « bonne » religion ou la « bonne » couleur de peau. Obsédés par un supposé déclin national, ces organisations prospèrent sur le mensonge, faisant par exemple référence sans scrupule au général De Gaulle. Lui, qui organisa la Résistance contre l’Allemagne et le régime collaborationniste de Vichy et sa milice. Lui, qui fut pris avec sa famille sous les balles de l’organisation terroriste de l’OAS partisane de l’Algérie française.


Lorsque les promesses ont pour terreau le mensonge, c’est toute la société qui déchante. Le parti d’extrême-droite UKIP en Angleterre, est parvenu à convaincre la population de quitter l’Union Européenne avec le référendum de 2016. Depuis la sortie effective en 2020, le pays subit une succession de gouvernements et reste plongé dans une crise économique profonde. Dans la même veine, le Rassemblement Nationale prônait un référendum pour sortir de l’Union Européenne et de l’euro lors des élections présidentielles de 2017. Quel serait l’état de la France après la pandémie, sans une stratégie sanitaire menée à 26, soutenue par une politique volontariste de la Banque Centrale Européenne inédite dans l’histoire de la monnaie unique ?


81 années se sont écoulées depuis l’attaque du Maquis de Montfort et la victoire finale des forces alliées. Alors que le peuple ukrainien résiste à l’agresseur russe depuis 2 ans et
demi, une forme d’amnésie frappe paradoxalement une part croissante de nos concitoyens européens. Pourquoi cette condescendance des partis d’extrême-droite et d’extrême gauche vis-à-vis du régime autoritaire Moscou ? Comment auraient réagi les Résistants de Montfort, des Glières, du Vercors ou du Col des Saisies, face aux résultats des dernières élections en France et en Europe ? Eux, qui en dépit de leurs croyances ou de leurs nationalités, ont tout sacrifié pour « Vivre libre ou mourir ».


Gardons espoir car la France sait se rassembler. Dans les périodes tragiques comme lors des grands rendez-vous sociaux ou à l’occasion de moments plus joyeux. Avec les Jeux Olympiques de Paris qui sont déjà entrés dans l’histoire, les français prouvent qu’ils sont visionnaires, ingénieux, créatifs, enthousiastes, passionnés et surtout, généreux. C’est grâce au sacrifice des Résistants et de nos soldats que nous pouvons vivre ces moments, les vivre en toute liberté.


En cela nous avons le devoir de faire vivre leur mémoire et pas uniquement le 10 août de chaque année. Leurs valeurs nous obligent. A nous de les respecter. Chaque jour.

Vive la République,

Vive la France.

Raphaël Castéra

***

#passymontblanc

Suivez-nous !