Mesdames et Messieurs les élus, Messieurs les anciens maires,
Mesdames, Messieurs les représentants, de la gendarmerie nationale et des sapeurs-pompiers.
Mesdames, Messieurs les représentants du monde combattant.
Mesdames et Messieurs, chères Passerandes et Passerands.
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Trois semaines après la mort de tragique de Nahel et les premières violences, la France est étourdie. Les émeutes de 2005, les Gilets Jaunes en 2018, les manifestations contre une énième réforme des retraites, autant de moments où une partie de nos concitoyens exprime sa colère de manière violente. La puissance des réseaux sociaux n’a fait qu’accroître la propagation, emportant des quartiers et des villes jusqu’ici sans histoire.
Si le prisme médiatique a pu donner l’impression d’un déchaînement beaucoup plus vaste que la réalité, il nous revient, à nous, citoyens français, de tenter de comprendre pourquoi. Pourquoi la moyenne d’âges des personnes traduites en justice est de 17 ans, pourquoi viser les services publics et commerces situés dans leurs propres lieux de vie ?
Cette crise qui a embrasé de nombreuses villes, y compris en Haute-Savoie, est bien entendu inacceptable. La Justice établira au nom du peuple français, les responsabilités autour de la mort du jeune-homme dans les prochains mois. Quelles qu’elles soient, il faudra s’en remettre à son jugement et faire confiance aux femmes et aux hommes dont c’est la vocation.
Cette crainte d’une partie de la jeunesse, d’une Justice « injuste » pour Nahël, est peut-être accentuée par certains moments récents de notre vie publique susceptibles de fragiliser la confiance de la Nation. En cause, le pouvoir exécutif qui refuse le dialogue avec les partenaires sociaux pour réformer le régime de retraites, en privilégiant le passage en force avec l’article 49-3. En cause, le comportement de certains députés de l’Assemblée Nationale qui semblent préférer l’outrance, au respect de leurs collègues et à la qualité des débats.
Cependant, les institutions de la Cinquième République sont-elles réellement en cause ou est-ce plutôt la manière dont elles sont mises en œuvre par celles et ceux qui en sont responsables ?
L’article 1er de la constitution de 1958 stipule que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
La démocratie n’est pas un acquis. Elle s’est construite progressivement et il nous appartient de la faire vivre et de la protéger. C’est notre bien commun.
Toutefois, la Révolution Numérique et les formidables outils dont nous disposons est en train de profondément modifier notre société. L’information et la communication s’exercent de manière ouverte, en continue, connectant une grande partie de l’humanité.
Un des effets pervers de cette mondialisation numérique et des réseaux sociaux en particulier, résulte de la valorisation de l’individu au détriment du citoyen en l’enfermant dans des communautés partageant les mêmes centres d’intérêt. Le risque, est une propension moindre au débat contradictoire, aux échanges d’idées et à l’acceptation des opinions différentes.
Le 6 août prochain, nous fêterons le 80ème anniversaire de l’attaque du Maquis de Montfort par les forces fascistes de Mussolini. C’est pour un idéal de liberté que les jeunes Résistants s’étaient rassemblés à l’alpage de la Torchette, tout comme ceux de Plaine-Joux, de la Zeta ou de Platé. C’est grâce à l’union nationale que les ukrainiens résistent à l’agresseur russe depuis plus de 16 mois. Le soutien collectif des Pays de l’Otan et de l’Union Européenne est déterminant dans cette guerre.
En France, la Constitution garantit la possibilité de choisir nos dirigeants, d’exprimer nos opinions, de les contredire, de désigner celles et ceux qui font les lois, de demander justice ou de faire appel de ses décisions.
En cela, les émeutes qui viennent de traverser notre pays doivent nous alerter. La jeunesse des auteurs, le rejet d’une société qui serait en partie responsable de leurs échecs, l’envie de consommer à tout prix, montrent qu’il est urgent pour l’Etat et les collectivités, de tout mettre en œuvre pour l’éducation et renforcer l’école au cœur de la République.
Notre responsabilité en tant qu’élus locaux est de vous projeter dans l’avenir, de favoriser l’épanouissement des familles, d’impliquer les citoyens dans la vie collective, de valoriser notre environnement ou de relever le défi de la transition énergétique.
Contribuer à une vie meilleure, tout simplement.
Vive la République.
Vive la France.
Raphaël Castéra
Passy, le 14 juillet 2023