Afin de commémorer le 80e anniversaire de la Libération de Saint-Gervais et de Passy, les deux Communes ont organisé une cérémonie le 17 août dernier en présence d’officiels, gendarmes, pompiers, portes-drapeaux et anciens combattants.

Elle s’est déroulée selon le programme suivant :

  • Dénomination du Chemin de la Libération – Curé Domenget.
  • Défilé jusqu’aux panneaux commémoratifs à Passy.
  • Cérémonie et dépose de gerbes devant les panneaux commémoratifs de la résistance.
  • Vin d’honneur.

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Le discours de monsieur le Maire de Passy, Raphaël Castera :

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Excusés :


M. LEBRETON Yves – Préfet de la Haute-Savoie,
M. DARROUX Rémy – Sous-préfet de Bonneville,
M. HERVÉ Loïc – Sénateur de la Haute-Savoie,
Mme NOEL Sylviane – Sénatrice de la Haute-Savoie,
M. SADDIER Martial – Président du Conseil départemental de la Haute-Savoie,
Mme LHUILLIER Myriam, Vice-présidente en charge de la culture,
M. ALLARD Stéphane – Maire de Demi-Quartier,
M. JACCAZ Yann – Maire de Praz-sur-Arly,
M. MORAND Georges – Maire de Sallanches,
M. FOURNIER Éric – Maire de Chamonix,
Mme BOSSONNEY Ghislaine – Maire des Houches,
M. CATTANEO Marcel – Conseiller départemental du canton de Faverges-Seythenex,


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M. le Maire de Saint-Gervais, Vice-président du Département,
Mesdames, Messieurs les élus de Passy et de St Gervais,
Monsieur l’ancien Maire-adjoint à la Culture de Passy, cher Pierre Dupraz,
M. le Capitaine Candele, commandant adjoint de la Compagnie de gendarmerie de Chamonix,
Mme la Lieutenante Leclerq, commandante de la brigade de gendarmerie de Megève,
M. l’Adjudant-chef David Rondeaux, commandant de la Brigade de Gendarmerie de Passy,
M. le Chef d’Escadron Etienne Rolland du PGHM,
M. le Commandant du Centre de Secours de Passy, Lieutenant S. Grandfond,
M. le Président Départemental de l’ANACR, M. Jacques Encrenaz, M. le Vice-président Thierry Lauron et M. Jean-Paul
Rigoli, représentant de l’ANACR Mont-Blanc,
Mesdames, Messieurs les représentants du monde combattant,
Mesdames et Messieurs,

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« Vivre libre ou mourir ». Après le 80ème anniversaire de l’attaque du Plateau des Glières par les troupes nazies et le régime collaborationniste de Vichy. Nous avons le devoir de faire vivre la devise des 465 héros de ce maquis, alors que la France est divisée et que partout en Europe, le populisme et l’extrémisme anesthésient la mémoire collective, en diffusant le venin de l’individualisme et de l’intolérance. Une amer répétition des années qui précédèrent la Seconde Guerre Mondiale.


Il y a 80 ans, le 15 août, les troupes Alliées débarquent en Provence. Sous le commandement du général américain Patch et du Général de Lattre de Tassigny. Celui-ci est à la tête d’une armée composée de français et de soldats issus de toutes les colonies d’alors ; des pays du Maghreb à l’Afrique occidentale et équatoriale.


L’opération Dragoon ne fera qu’accélérer la spirale de la défaite pour l’Occupant et renforcer l’espoir du peuple français et des Résistants. Mieux armés depuis les parachutages simultanés du 1er août au Col des Saisies et du Plateau des Glières, les groupes de l’Armée Secrète (AS) et des Francs-Tireurs et Partisans (FTP) installent plusieurs barrages aux points stratégiques du Pays du Mont-Blanc en vue de l’assaut final. Les Résistants de Platé, de Zeta et du Plateau d’Assy participent à des embuscades, comme le groupe de Plaine-Joux qui neutralise huit allemands à la gare des Houches.


En ce mois d’août 1944, la pression s’accroit sur l’Occupant qui déplace son quartier général de Saint-Gervais, ici à Passy, à l’Hôtel des Alpes dans le bourg de l’Abbaye. L’établissement présentant une enceinte plus propice à la défense. L’histoire de nos deux communes se mêle une nouvelle fois.

En représailles à 2 allemands tués par l’AS de Saint-Gervais, le commandant Hauffen ordonne la prise de 30 otages civils au Fayet et à l’Abbaye, dont le curé Léon Domenget. Hector Grangerat, le chef de l’AS de Passy, accompagnés de représentants de la population, demande leur libération. Un accord est trouvé pour que les 2 soldats allemands bénéficient d’un enterrement décent. Ce sera au cimetière des Plagnes le 15 août. Malheureusement, seul l’homme d’église sera libéré, conduisant les Résistants à lancer un 1er ultimatum à l’Occupant. Le commandant Hauffen restant inflexible, l’Hôtel des Alpes est encerclé par une quinzaine d’hommes de l’AS de Passy.


Léon Domenget qui a tenté pendant sa détention, de négocier la libération des habitants innocents, fait appel à Henri Baud, chef de l’AS de Saint-Gervais, pour intervenir. Or, celui-ci ne dispose plus de la compagnie Montjoye partie la veille en opération à Albertville. Ce sont finalement 25 maquisards de l’AS de Megève dirigés par Jacques Lefort qui viennent renforcer le faible effectif de l’Abbaye.


Irrité de n’avoir pu rencontrer les autorités de la commune de Saint-Gervais comme il l’exigeait, le Commandant Hauffen fait arrêter le 1er adjoint et le secrétaire de mairie qui avaient pourtant obtempéré. 8 autres personnes civiles de l’Abbaye et du Fayet sont arbitrairement emprisonnées, portant à 40 le nombres d’otages en ce 16 août.


Le Quartier Général départemental de l’Armée Secrète et des Forces Françaises de l’Intérieur, est au fait de la situation. Jean Rosenthal, le n° 2 de l’organisation, rejoint Henri Baud et Hector Grangerat en compagnie de Léon Ball, lieutenant de l’armée américaine.


A l’hôtel des Alpes, le commandant Hauffen par honneur militaire, refuse de négocier avec les Résistants. Leur audace et leur intelligence vont prouver leur supériorité. Un second ultimatum est rédigé dans la maison d’Hector Grangerat aux Plagnes, puis traduit en anglais par le lieutenant Ball, la langue officielle des forces alliées. Accompagné de 3 membres de l’AS de Megève en uniforme d’officiers anglais, ils se présentent avec Jean Rosenthal en tenue française.


Pour Hauffen, il y a peu d’issues. Le repli vers Cluses étant impossible en raison des barrages de Domancy et Sallanches, tandis que le renfort de la colonne de Chamonix a été stoppé la veille aux Houches. Ayant vu le parachutage de Combloux le 2 août, l’officier allemand pense qu’il est assiégé par un commando. Il craint un combat inégal dans un contexte où les débarquements de Normandie et de Provence ont sapé lemoral des troupes. L’officier de la Wehrmacht accepte finalement de se rendre avec ses 82 soldats. Les 40 otages sont heureusement sains et saufs. La surprise est grande dans les deux camps : les Résistants étant bien moins nombreux en hommes et en armes. La mise en scène a fonctionné, prouvant que l’esprit humain peut l’emporter sur la force pure.


Les prisonniers sont acheminés au Camp Jeunesse et Montagne aux Frasserands à proximité du village de Montroc. Le même jour, l’AS de Chamonix et les FTP, obtiennent la reddition des 120 soldats du Reich au Majestic.


A Passy, Henri Ducoudray, Hector Grangerat, Robert Baume, Pierre Loreilhe, Jean Moni, Hippolyte Lebuthier, Jean Tarrade, Louis Thierriaz et Jean Wellhoff, constituent le Comité de Libération National. Il représente les différentes appartenances aux mouvements résistants et aux partis politiques. Conformément au Décret du Gouvernement Provisoire de la République du 21 avril 1944, le CLNP démet le Conseil Municipal nommé en 1941 par le Préfet du Régime de Vichy. Il décide de constituer la municipalité provisoire de Passy, en associant 10 membres de la dernière mandature démocratiquement élus. Théophile Vallet retrouve son siège de maire confisqué en 1941.


De Magland à Vallorcine, la Haute-Vallée de l’Arve recouvre la liberté le soir du 17 août 1944. 2 jours plus tard, la Haute- Savoie n’est plus occupée. Fait unique dans l’histoire de la Libération, c’est le seul département libéré par les Résistants, sans intervention armée extérieure. Grâce à l’organisation des différents mouvements sur le territoire national voulue par le Général De Gaulle et fort du soutien logistique déterminant des forces Alliées, les Résistants ont vaincu l’Ennemi.


Aujourd’hui comme demain, nous devons une reconnaissance éternelle à ces femmes et à ces hommes qui, en dépit de leurs origines, de leurs appartenances politiques ou de leurs confessions, ont eu le courage de risquer leur vie pour un seul idéal. Notre liberté.


Vive la République,
Vive la France.


Raphaël Castéra

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