Le chef-lieu et le coteau
L’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Passy
Signalée en 1012, remaniée au XIIe siècle, l’église est consacrée en 1486 puis en 1701, après la Contre-réforme. C’est à cette époque que les inscriptions romaines sont scellées sous le porche en berceau du clocher roman. Il faut s’attarder sur les éléments principaux du décor baroque et néoclassique sarde, la chaire de prédication et l’atlante qui la porte, le rare buffet baptismal et le bénitier, le maître-autel et son retable à colonnes torsadées en bois doré polychrome, les autels latéraux et les stalles. Depuis la présence romaine, en passant par les siècles où Passy fut successivement l’objet de toutes les convoitises, jusqu’aux restaurations du XXe siècle, l’église de Passy nous convie à un extraordinaire voyage dans le temps.
La mairie (1862-63)
Construite au Second Empire, l’édifice est un exemple typique du style néo-classique sarde. Il se caractérise par une certaine rigueur architecturale, deux étages, trois portes cintrées cernées de pierres bien appareillées et un fronton avec un oculus.
Les chapelles de hameaux
Les chapelles de hameaux sont mentionnées en 1649, après la visite de Mgr Charles-Auguste de Sales. Si les sites de Saint-Antoine et de Chedde ont disparu, il reste ceux de la Motte, Joux, Maffrey et Bay. Cette dernière chapelle, régulièrement restaurée et mise en valeur, possède un beau retable en bois doré polychrome avec une toile qui représente le Couronnement de la Vierge ainsi qu’un charmant décor mural avec son angelot et ses guirlandes végétales.
À Joux, une intéressante Crucifixion et une belle Vierge à l’Enfant Jésus.
Il faut encore citer les nombreux oratoires dispersés sur les voies communales, témoins d’une profonde foi populaire.
Les écoles
Les petites écoles des hameaux de Chedde, Joux, la Motte et Maffrey ont fonctionné grâce au legs de la fondation Pierre Bosson (1737-1822). Leurs clochetons inattendus s’expliquent, pour les trois dernières, par une installation dans les anciennes chapelles. Le groupe scolaire de Chedde, bâti en 1910, marquera sa différence avec un beffroi équipé d’une horloge… mais couronné d’un clocher. Les écoles de Bay, des Plagnes et des Ruttets seront fondées par des « propriétaires intéressés ». L’école du Plateau d’Assy a été bâtie par Henry Jacques Le Même.
Les Plagnes et la plaine
Les Plagnes
L’ensemble des Plagnes, récemment restauré, est situé sur la rive gauche de l’Arve, aux confins de Saint-Gervais-les-Bains. Le danger permanent occasionné par les caprices de la rivière est à l’origine de la création d’une section spéciale et de la séparation d’avec la paroisse de Passy. L’église, dont les stalles et les deux lustres sont protégés, est également riche de nombreux éléments d’une époque encore mal aimée, le XIXe siècle. Devant l’édifice, le fac-simile de la borne romaine dont l’original se trouve quelques mètres plus bas, devant l’ancien hôtel des Panoramas.
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Chedde. L’église Saint-Joseph (1934)
Fondée pour la population ouvrière par l’abbé Francis Berger, l’église est logiquement dédiée au patron des artisans et des ouvriers. Bâtie par l’entreprise Ratel de Saint-Jean de Maurienne, sous la conduite de l’architecte Georges Benezech, c’est la première église en béton armé du diocèse d’Annecy. La belle charpente voûtée est due aux frères Cerutti, le décor des six verrières et toutes les mosaïques à l’un des maître-verriers les plus représentatifs du courant Art Déco : Raphaël Lardeur.
Les viaducs des Egratz
La plaine, longtemps inondée par les divagations de l’Arve, deviendra au XIXe siècle une zone de communication pour les voyageurs qui se rendaient à Chamonix. Suivront ensuite l’arrivée du chemin de fer (1898), celle de l’autoroute (1976), puis, pour faciliter l’accès à la vallée de Chamonix, la construction de l’ouvrage civil des viaducs des Egratz*. Long de deux kilomètres et demi, il se compose de trois tronçons en béton précontraint avec une trentaine de piles hautes de dix huit à soixante huit mètres.
Marlioz
On notera dans ce site au fort développement, deux éléments intéressants, la salle des fêtes Jean Pernot et la piscine «Tournesol».
L’ancienne salle des fêtes est au départ un hangar d’aviation militaire caractérisé par une charpente en bois recouverte de tôles. Inauguré en 1928, il témoigne de l’aventure aéronautique de Passy. Il est en particulier rattaché à la mémoire de Joseph Thoret et son « Circuit des Alpes »**. |
La piscine « Tournesol »***, restaurée en 2014, est issue d’un programme de près deux cent piscines standardisées, initié par le Ministère de la Jeunesse, des sports et des loisirs dans les années 1970, à la suite des mauvais résultats des nageurs français aux Jeux Olympiques de Mexico, en 1968. La coupole ouvrante donne à la piscine une allure de soucoupe volante. Notons que la piscine de Carros-le-Neuf, dans les Alpes-Maritimes, réhabilitée en 2005, est labellisée « Patrimoine du XXe siècle ».
Le Parvis des Fiz et le FJEP
Avec son implantation parallèle à l’Arve, sa longue silhouette découpée et sa habillage en pin Douglas, la salle des fêtes et des spectacles le «Parvis des Fiz» et le FJEP (Foyer des jeunes et d’éducation populaire)**** contigu, s’intègrent subtilement dans son environnement. Visible depuis l’avenue Joseph Thoret, il crée une nouvelle ligne d’horizon, qui fait écho aux lignes de crêtes de la chaîne des Fiz et aux coteaux avoisinants. En déambulant sous le parvis central, le visiteur découvre :
- le FJEP, à l’Ouest, avec ses salles d’activités et ses circulations généreuses
- la salle des fêtes, à l’Est, avec sa galerie transparente, sa régie à l’étage et l’immense salle polyvalente et modulaire avec ses gradins télescopiques et son espace scénique.
Les ouvertures rythmées apportent de la lumière naturelle, tandis que les larges débords du toit protègent du soleil. La « pixellisation » des percements et de la signalétique colorée se superposent pour lier les éléments de construction et la nature, l’intérieur et l’extérieur.
* GTM Construction, 1981
** Référence : le mémoire de fin d’étude de Bertrand Mure, Université de Grenoble, repris dans Vatusium no 5
*** Maître d’œuvre, Bernard Schoeller, architecte, Thémis Constantinidis, ingénieur, maître d’ouvrage, entreprise Durafour.
****Agence d’architecture Beckmann N’Thépé. Bâtiment inauguré le 11 septembre 2010
Le Plateau d’Assy
Des édifices témoins de l’histoire
L’architecture moderne au service de la santé (1926-1937)*
Les sanatoriums illustrent le génie technique et esthétique de l’architecture du XXe siècle. Villes dans la ville, ces paquebots des montagnes ont eu une influence considérable sur notre habitat, notamment dans les rapports entre l’homme et son environnement. Ils signent, grâce à la collaboration de médecins, d’hygiénistes et d’architectes pionniers, un nouveau rapport avec l’air, la lumière et l’environnement ainsi qu’une nouvelle esthétique de l’habitat, des formes inédites, épurées et sans artifices. Du modèle pavillonnaire à l’édifice rationalisé à l’extrême, ils offrent une gamme complète des solutions mises en place pour répondre à la fonction sanatoriale ainsi qu’à l’utilisation de nouveaux matériaux – le béton armé – et de nouvelles techniques.
Largement diffusée dans la presse internationale de l’époque, cette architecture est à nouveau mise en valeur par les spécialistes et trois édifices ont reçu le label « Patrimoine du XXe siècle » : Praz-Coutant, Guébriant et Martel de Janville, ce dernier étant également inscrit au titre des Monuments historiques. |
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Praz Coutant, A. Daniel, L. Bechmann, P. Abraham, H.J. Le Même, architectes |
Cinq établissements possèdent des chapelles dont le décor illustre la tentative de moderniser l’art religieux. Réalisés par des artistes chrétiens**, ils précèdent de quelques années à peine le grand renouveau manifesté à l’église d’Assy.
L’église Notre-Dame de Toute-Grâce
Le joyau passerand, bâti par Maurice Novarina*** à partir de 1938 et consacré en 1950, est l’œuvre du chanoine Jean Devémy, aumônier du sanatorium de Sancellemoz, offert à la population nouvellement installée sur le site. Le fondateur l’a voulu à l’image des chalets traditionnels, solidement ancrés au sol, l’architecte, en accord parfait avec la tectonique du paysage. C’est sur les conseils de son ami dominicain Marie-Alain Couturier, co-directeur de la revue « L’Art sacré », que le chanoine va « parier pour le génie » et inviter, pour illustrer les thèmes bibliques, les plus grands artistes modernes, sans tenir compte, ni de leurs croyances religieuses, ni de leur idéologie politique : Rouault et Bazaine pour les vitraux, Bonnard, Lurçat, Matisse, Braque et Léger pour les décors muraux, Richier, Lipchitz et Signori pour les œuvres sculptées, etc. Les jeunes malades ou leurs proches, Kijno, Mary et Strawinsky auront également le bonheur de participer à cette aventure de l’art sacré. Voilà ce qu’on appelle la leçon d’Assy. Église des malades, église de montagne dialoguant avec le ciel, Notre-Dame de Toute-Grâce a réconcilié l’Église institutionnelle avec l’art vivant ; elle est en cela la référence du renouveau de l’art sacré au XXe siècle. Elle entrera dans l’histoire de l’art avant même sa consécration, mais ne sera complètement protégée qu’en 2004.
* Pol Abraham, Lucien Bechmann, Aristide Daniel, Paul-Louis Dubuisson, Pierre Dupuis, Henry-Jacques Le Même, architectes
** Paul Pruvost, Pierre Turpin, Eugène Nys, Paul Croix-Marie, Valentine Reyre, Fernand Py, Angèle Zarraga
*** L’architecte fut choisi parce qu’il avait auparavant bâti avec succès l’église Notre-Dame des Alpes (1938), au Fayet Saint-Gervais-les-Bains. Le décor signé par trois artistes de la Société St-Luc de Suisse Romande en fait une étape indispensable pour comprendre ce qui s’est passé à Assy.
La route de la sculpture
La route de la sculpture contemporaine, qui relie la plaine à Plaine-Joux, a été inspirée par un événement artistique considérable : « Sculptures en montagne, poème dans l’espace » (1973). Il s’agissait d’accompagner la reconversion du Plateau d’Assy afin que le site conforte sa triple vocation en matière de bien-être, d’art et de tourisme. A cette époque, le poète Jean-Pierre Lemesle et son équipe souhaitent sortir l’art des musées. Ils obtiennent le concours des artistes les plus représentatifs de la sculpture contemporaine en Europe, en Amérique et au Japon. Cinq œuvres de Calder, Féraud, Cardenas, Gardy Artigas et Semser sont restées sur notre territoire. Depuis 1989, au fil des ans, ce patrimoine s’est enrichi.
- DANS UN ESPACE DE PAIX, Colette COSSIN (2010)
- 3000° CELSIUS, Raymond GOSSELIN (1989)
- AUX TRAVAILLEURS DE CHEDDE, Jean-Pierre FILIPPI (1996)
- LA PORTE DU TEMPS, LINO BRUNELLI (2007)
- LA PORTE DU SOLEIL, Albert FÉRAUD (1973)
- SUN AND MOUTAINS, Alexander CALDER (1973)
- MATÉRIALITÉ DU VIDE, ROMY (1999)
- LUMINESCENCE 2001, Jean-François DUPUY (1993)
- NÉE DE LA MONTAGNE, André SANDEL (2007)
- LA GRANDE ECHELLE, Charles SEMSER (1973)
- PLAIDOYER POUR LES DROITS DE L’HOMME, Gilles ROUSSI (2000)
- LA PORTE D’EAU, Agostin CARDENAS (1973)
- LA PORTE BLEUE, Joan GARDY ARTIGAS (1973)
- “ROULEMENT”, Jérôme Basserode (2015)
- “LES GARDIENS”, Gloria Friedmann (2015)
- “FLAQUES”, Fabien Lerat (2015)
Dans le cadre de la valorisation de l’Arve à Passy, le parcours sur le thème de l’eau artistique permet aux promeneurs d’admirer des œuvres d’art monumentales. “ROULEMENT”, le rocher sonore de Jérôme Basserode, se confond avec la nature. Il chante au fil de l’eau tel un fossile sonore. “LES GARDIENS”, de Gloria Friedmann, rend hommage aux espèces de nos montagnes, avec un bouquetin et un gypaète barbu sur un globe en terre. Enfin, “FLAQUES” de Fabien Lerat figure une flaque d’eau où se reflètent les cimes.
http://www.riviere-arve.org/projet-land-art-in-situ.htm
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DANS UN ESPACE DE PAIX
Cliquez ici pour tout savoir sur la route de la sculpture : http://www.passy-mont-blanc.com/infos-pratiques/documentation/culture-et…